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Accès au marché à travers le warrantage et la commercialisation

Qu’est-ce qu’est le Warrantage

Le Warrantage est un système de crédit sur nantissement des stocks géré par des organisations de producteurs (OP) en partenariat avec des institutions financières, généralement des institutions de microfinance (IMF).

Le système est basé sur l’octroi d’un crédit dont la garantie est constituée par un stock de produits agricoles dont la valeur est censée augmenter durant l’opération.

Il s’agit en effet d’un système dans lequel un producteur ou une productrice (ou un groupement de producteurs et/ou productrices) met en garantie sa récolte pour contracter un prêt auprès d’une institution de microfinance (IMF), pour lui permettre de résoudre ses problèmes familiaux du moment et/ou de mener des activités génératrices de revenus (AGR). Le montant octroyé atteint généralement 70% de la valeur du stock au moment de la récolte. C’est à cette période que les prix sont les plus bas car l’offre des producteurs dépassent la demande sur le marché.

Le prêt est remboursé six à huit mois après, avant le semis, en période de soudure, quand les prix des céréales sont plus élevés car les greniers familiaux sont vides et la demande sur le marché est forte. A ce moment, le producteur/ la productrice peut choisir de rembourser le prêt à partir des revenus tirés des AGR menées ou récupérer le stock et le vendre pour rembourser le prêt.

Contexte

La région de Sikasso est la troisième région économique du Mali avec l’agriculture pluviale comme activité dominante. Le secteur agricole a un énorme potentiel et emploie près de 80% de la population active. Les revenus des exploitations familiales dépendent encore en grande partie du secteur cotonnier et de l’exode rural-urbain.

Les cultures céréalières sont principalement le maïs, le riz, le sorgho et le mil en plus des légumineuses. Malgré cette énorme potentialité agricole, Sikasso reste confrontée à divers problèmes tels que :

  • Faible niveau d’organisation des acteurs des différentes filières agricoles en occurrence le sorgho et le mil ;
  • Faible accès des producteurs aux services post-récolte (conditionnement et conservation) avec des pertes importantes après récolte ;
  • Faible niveau d’équipement des organisations paysannes influençant sur la qualité des produits mis sur le marché ;
  • Faible accès des producteurs aux marchés pour l’écoulement de la production (gros opérateurs économiques, marchés institutionnels et unités de transformation etc.) entrainant le bradage des stocks à la récolte
  • Accès limité du producteur au crédit de production et de commercialisation ;

En effet, le producteur a difficilement accès au crédit à cause de la faiblesse de garantie matérielle présentée aux Institutions de Microfinance et Banque. Cette faiblesse de garantie matérielle est accentuée par la faible structuration organisationnelle des groupements paysans nécessaire pour un éventuel crédit solidaire ou le warrantage des stocks.

Ainsi, les petits producteurs sont confrontés à :

  • Aux dettes de production à rembourser (intrants et petits matériels agricoles) ;
  • Les besoins familiaux prioritaires à satisfaire ;
  • La non-maitrise des prix sur le marché ;
  • Le bradage des produits à la récolte.

Pour être résilients face à ces difficultés majeures, le système de Warrantage s’avère être la solution adaptée pour le producteur afin d’améliorer la production et la productivité à travers la maîtrise de l’accès au marché. Ce mécanisme de warrantage sera opérationnalisé par des plateformes d’innovation. 

Pour cela l’ONG Malimark avec l’appui de son partenaire ICRISAT s’est proposé de consolider ces acquis dans le cadre du système d’appui au système de warrantage dans ses anciennes zones d’intervention  à travers l’installation et le suivi des plateformes d’innovation des chaînes de valeur Mil, Sorgho et niébé axée sur le warrantage autour des coopératives fonctionnelles.

La mise en place des plateformes

La plateforme d’Innovation (PI) est un cadre de concertation établi pour faciliter les échanges et apprentissage entre acteurs/partie prenante qui interviennent dans une filière ou chaine de valeur. La finalité est la promotion des innovations agricoles au sein des filières ou chaines de valeurs ciblées après une étude des problèmes, contraintes, opportunités et solutions envisageables.

3.1.Facilitation d’une plateforme d’Innovation

Pour la facilitation de la Plateforme d’Innovation, il faut :

  • S’appuyer sur les structures et activités existantes ;
  • Une approche participative et une appropriation locale ;
  • Renforcement des capacités pour faciliter la création et le fonctionnement des PI ;
  • Suivi et évaluation des PI ;
  • Communication entre les PI.

Au total 7 plateformes ont été installées dans la région de Sikasso : Bougouni, Koumantou, Méridiéla, Yanfolila, Yorosso, Koutiala et Kadiolo.

Dans la méthodologie de la mise en place des plateformes, l’attention des participants a été attirée sur la nécessité de la cohésion et de l’homogénéité des acteurs ayant des intérêts communs dans la filière d’intervention.

Les acteurs faisant partie des différentes plateformes sont :

  • Les producteurs semenciers et céréaliers ;
  • Les revendeurs d’intrants agricoles ;
  • Les commerçants ou acheteurs ;
  • Les transformateurs ;
  • Les services techniques (secteur d’agriculture) ;
  • L’institut d’économie rurale (recherche) ;
  • L’institution de microfinance (Soro Yiriwaso) ;
  • Les radios locales (communication).

Les membres des bureaux et des commissions des différentes plateformes ont bénéficié de plusieurs séances de renforcement de capacités à savoir :

  • L’élaboration des plans d’action ;
  • L’élaboration des plans de commercialisation (outils de collecte de données et canevas de plan de commercialisation) ;
  • L’élaboration des plans d’approvisionnement ;
  • L’élaboration des outils de gestion de la plateforme (Règlements intérieurs, cahiers de charges).
  • Les principes du Warrantage
  • La formation sur la gestion poste-récolte et les ennemis des cultures

Le grand rôle joué par MALIMARK dans ce processus de Warrantage a été le renforcement des capacités, la mise en relation entre les différentes organisations paysannes (OP) de nos plateformes, le et les institutions de Microfinances (IMF).

Résultats atteints

  • Les plateformes ont participé ces deux dernières années à la bourse aux céréales dans la région de Ségou. L’objectif était de nouer des relations entre ces plateformes et les commerçants des localités environnantes afin de faciliter la mise en marché des stocks au sortir du système de warrantage. Un contrat de vente a été signé courant la saison 2019-2020, le montant est 7 500 000 FCFA pour 60 tonnes de céréales pour le compte de la plateforme de Bougouni.
  • Pendant la saison 2018-2019, l’activité a eu du mal à démarrer car les producteurs en accord avec les acheteurs locaux préféraient vendre de façon groupée selon un rythme et un prix avantageux que pour les acheteurs.

Face à cela, MALIMARK a entrepris des activités de sensibilisation à travers les radios de proximités et la mobilisation des agents d’accompagnement pour accélérer les processus. Ces activités ont abouti aux résultats qui suivent :

  • 13 contrats de warrantage ont été signés avec l’institution de Microfinance Soro Yiriwaso ;
  • 246 bénéficiaires dont 97 femmes ;
  • 22 775 799 FCFA octroyés(70% de la valeur des stocks warrantés soit 29 637 925 FCFA).

Le taux d’intérêt de l’institution est de 1,5% par mois du montant octroyé et le taux de remboursement a été de 100%.

  • Pour la saison 2019-2020, cette activité a eu plus de succès est cela se présente de la manière suivante :
  • Pour les plateformes de Bougouni et Koumantou, le prêt reçu a été de 11 997 600 FCFA pour une valeur en stock de 18 130 571 FCFA ;
  • Pour la plateforme de Yorosso, le prêt reçu a été de 1 794 181 FCFA pour une valeur en stock de 2 563 115 FCFA ;
  • Pour la plateforme de Kadiolo, la vente a été directe avec 1kg de Sorgho pour 150 FCFA ;
  • Pour la plateforme de Koutiala, le prêt reçu a été de 4 673 500 FCFA pour une valeur en stock de 6 647 000 FCFA ;
  • Pour la plateforme de Yanfolila, le prêt reçu a été de 277 250 FCFA, pour une valeur en stock de 448 750 FCFA.